mercredi 7 juillet 2010

dimanche 4 juillet 2010

et parce que le g8/g20, c'est aussi des décisions...

 Copyright Villages du millénaire

Je vous laisse lire ce que Jeffrey Sachs, un de mes héros( avec Paul Farmer), en dit:
Empty promises, pledge broken

J'apprécie particulièrement qu'il re-contextualise l'emphase mise sur la réduction de la mortalité maternelle et infantile comme étant un leurre pour éviter de rendre des comptes face aux promesses non tenues.

Donc.

Un million de dollar, des arrestations sommaires, des détentions arbitraires et un déni des libertés civiles... et pourquoi?

le quatrième pouvoir (bis)

(image rsf.com)


Récemment, je m'indignais de l'absence de tollé de protestation suivant le meurtre d'un journaliste rwandais. J'accusais, comme à mon habitude, la problématique Nord-Sud en expliquant que d'habitude, les journalistes montrent un esprit de corps remarquable qui les entraînent à défendre leurs collègues menacés et à d'indigner d'arrestations arbitraires et de torture. La liberté de presse est généralement vue comme une valeur fondamentale de la démocraties.

Les récents événements de Toronto montrent une situation plutôt différente. Même si des abus face aux citoyens et aux médias ont été commis, les couverture se fait plutôt tiède . On nous passe en boucle les image des protestataires du Black Block qui incendient violemment une voiture de police, on déplore les dépenses de sécurité qui n'ont servi à rien; parfois, on parle à un manifestant qui décrit des conditions abjectes d'emprisonnement (fouille à nu, quelqu'un?) . Mais nous parlent-on de ces journalistes battus et emprisonnés? Les reporters des grand médias nous parlent-ils de leur collègues? défendent-ils leur liberté d'expression?

Somme nous informés des quatre journalistes qui ont porté plainte à la police pour mauvais traitements? Du journaliste qui collabore avec The Guardian qui aurait été battu? De celle du Globe qui a été arrêtée sans raison?

Heureusement qu'il y a les médias alternatifs. Mais sont-ils aussi fiables que les grands journaux? Chacun a ses biais;; les grands médias liés à de grandes corporations ne peuvent ignorer les pressions pécuniaires et idéologiques qui leur pèsent dessus; les médias alternatifs, en général, ont une raison d'être et des positions qui rendent encore plus difficile de tendre à l'objectivité.

Résumé de la situation, sur Rabble.ca

les secouristes se prononcent ici...

vendredi 2 juillet 2010

Harper, Art (de la) Peur

(merci à Sacha pour la photo)


En médecine, souvent, on voit ça. Des gens que pendant des années on a jugé "non-observant" (mauvaise traduction de l'anglais "non-compliant"), n'obéissant pas à ce que le médecin suggérait comme dépistage ou traitement (parfois avec raison, mais ça c'est un autre débat), vivent un événement fort qui tout d'un coup les incitent à changer de cap.

Un fumeur de 20 paquets-années cesse brusquement de fumer, sans peine, lorsqu'il prend son nouveau-né dans les bras.

Un personne sédentaire se met à jogger, lentement d'abord puis de plus en plus vite, jusqu'à devenir demi-marathonien, après que son frère ait eu un infarctus sévère.

Une jeune ado qui vit avec sa pensée magique décide d'utiliser de la contraception après qu'une de ses amies vive un avortement.

J'espère que les événements du G8/G20 auront le même effet déclencheur ("trigger effect")sur les psychés canadiennes. À voir mon fil facebook, je pense que ça en a secoué plus d'un, et pas seulement les éternels activistes qui ne peuvent faire autrement. Les liens explicatifs sont échangés, les commentaires fusent de toutes part, l'indignation est palpable.

Dommage que tout ça se passe au début des vacances, quand les congés fériés ralentissent les médias traditionnels. Car vraiment, dans un autre contexte, n'aurait-on pas questionné une loi secrète? Et des arrestations de masse? Pour un tableau de la situation: ici

Harper cultive l'art de la peur, avec fort probablement des agents provocateurs, en manipulant l'opinion pour qu'on ait de plus en plus peur de ceux qui questionnent l'hégémonie.

Allons-nous le laisser faire? J'espère que l'on pourra saisir l'occasion de faire un charivari monstre pour que les citoyens se rendent compte de l'horreur de la situation... et éviter que quelquechose comme cela ne se répète, au Canada ou ailleurs.

jeudi 1 juillet 2010

Monsanto, Haïti et les OGM


Il y a tant de choses à dire sur "l'humanitaire", sur la "coopération internationale", sur l'"aide aux pays pauvres" , tous ces concepts qui entremêlent bonne foi et préservations de nos intérêts, en différentes proportions.

J'ai écrit ailleurs sur le tourisme humanitaire et le tourisme médical, mais je voulais attirer votre attention sur la dernière entourloupette de Monsanto et sur la réaction des paysans d'Haïti qui me confirme, encore une fois, qu'il est plus facile d'adhérer à des principes quand on n'est pas enfoncés dans un confort qui nous assoupit; c'est parfois ceux qui ont le plus à perdre qui refusent de se conformer...




L'histoire dans Le Monde

Et l'article original dans le Huffington Post

Et oui, en plus de protester, les paysans proposent des solutions

Finalement, un lien vers Vandana Shiva




Célébrer le Canada?



Mon attachement au Canada est pour le moins ténu.

Mais bon, c'est où je vis... ce pays qui a élu un premier ministre retors, épeurant, qui semble être une marionnette manipulée par on ne sait qui, qui à mis le cap à tribord toute...

Comme mentionné avant, ses politiques internationales -en particulier le non-financement des initiatives de santé maternelle incluant l'avortement - me dégoûtent.

La décision du groupe tout puissant G8/G20 de ne pas imposer la taxe sur les banques était déjà une grande déception. (voir ici)

Mais la façon dont la sécurité a été "assurée" lors du sommet et toutes les bavures policières, le tabassage de manifestants, de passants, de journalistes et d'activistes est révoltante, tout comme l'arrestation et l'emprisonnement sommaire de plusieurs d'entre eux: voir ici et ici. Les tactiques utilisées visaient fort probablement à entraîner la violence pour pouvoir riposter en force, le Modèle de Miami.

Je suis surprise, d'ailleurs, que les journalistes ne se soient pas plus révoltés, car plusieurs d'entre eux ont été victimes des méfaits policiers. Plusieurs journaux "mainstreams" nous servent les explications bâclées des policiers comme si c'était vrai, en critiquant à peine. Quoi que Agnès Gruda s'enflamme, tout comme Steve Paikin

et aussi, heureusement qu'il y a Naomi Klein

Boundaries




Dans un livre de blagues lu quand j'étais enfant -ou peut-être sur une enveloppe de Carambar que Jean-Luc et Suzie m'avaient rapporté de France- , il y avait une farce du type "avant, j'avais aucun enfant et sept théories sur comment on élève des gamins. Maintenant j'ai sept enfants et aucune théorie". Pas très drôle, je vous l'accorde.

J'y repense maintenant que je me penche sur le concept des "Boundaries", les limites interpersonnelles, physiques et psychologiques; celles entre patients et médecins, surtout mais aussi celles entre étudiants et superviseurs.

Je me souviens d'un cours -semblable à celui que je donne maintenant- quand j'étais Med2. Il était clair pour moi que jamais, au grand jamais, je ne traiterais des amis, ne renouvellerais des prescriptions de membres de la famille, ou ferait quelques passe-droits à qui que ce soit. Évidemment, tout contact physique non nécessaire au diagnostic était aussi à proscrire. Ma morale était claire.

Je ne suis pas trop certaine quand ça a changé. En résidence, quand j'ai accepté de regarder dans l'oreille d'une amie? Ou quand une collègue, atteinte de sclérose en plaques, m'a appelé pour renouveler son anti-inflammatoire car elle ne pouvait rejoindre son neurologue?
Quand une amie m'a demandé de prendre sa cousine comme patiente?
quand une amie m'a demandé de lui trouver un médecin sympa pour suivre sa grossesse?
Quand une étudiante m'a parlé des selles sanglantes qu'elle avait?
Quand je me suis rendu compte que j'avais étudié avec certains patients qui m'étaient assignés?

Je ne sais pas

Mais j'en suis rendue au point où hier j'ai vacciné le fils d'une de mes étudiantes, et qu'aujourd'hui durant un party je l'ai bercé pendant une heure car il était inconsolable.
Où quand je fais une fête à la maison,o n retrouve souvent deux ou trois paires de patients-médecins.
Que quelques patientes âgées me font la bise en quittant mon bureau.
Qu'il ne se passe pas une journée sans qu'un ami, une connaissance me demande un avis médical.

Le pire, c'est que je ne sais plus quoi en penser, moralement...