vendredi 11 novembre 2011

migration

Le hiatus continue, malgré deux charmants voyages à Paris où les moments d'écriture se sont fait trop rares mais où j'ai vu beaucoup de choses fascinantes.

Pour le moment, ce sont les rénovations si attendues de la maison qui occupent mon esprit.  Si vous voulez en voir la progression -en images plutôt qu'en mots, je crois- vous pouvez voir cela chez La Maison de Rosalie.

samedi 17 septembre 2011

Résolutions post-voyage

de regarder Montréal avec les mêmes yeux avec lesquels je regardais Paris

de ne faire qu'une chose à la fois

de rendre visite aux musées et expos même si ça ne correspond pas exactement à ce que je crois que j'aimerais

d'être dans le présent

d'obéir à tous les éléments qu'en-lira-t'on de Pennac

de dériver

vendredi 9 septembre 2011

hiatus



Je voulais écrire, profiter de ce temps de vacances pour classer des idées et terminer des projets en suspens.
On dirait qu'avant que ma main ne puisse s'y mettre, il faut que mes pieds et mes yeux se rassasient.  Art, trottoirs, parcs et sculptures, pour l'instant.  Les mots viendront...

samedi 3 septembre 2011

Cher CCU...

Quelques images de Paris qui n'auraient pas passé au comité consultatif d'urbanisme du Plateau...






Jour 1: de l'aéroport comme non-lieu parfumé



Départ en folie: doutes, catastrophes imprévues de dernière minute, idée persistante d'avoir oublié quelque chose, stress inévitable d'un  départ en vacances trop attendues et nécessaires.

L'arrivée prend la forme d'une catastrophe évitée. À la sortie de l'avion, un homme s'effondre.  Moi qui croyais pour une fois m'en être sortie sans entendre "Y-a-t-il un médecin dans l'avion".  En plus, la compagnie aérienne avec laquelle je voyageais avait quelque part au dossier ma profession, car j'avais déjà dû aider un autre passager il y a quelques années... l'agent de bord est donc venu me chercher sans même faire d'annonce.   Heureusement, dans ce cas-ci, l'ambulance est arrivée en quelques minutes et l'homme était déjà mieux.  J'étais plutôt reconnaissante qu'il n'ait pas eu son malaise au dessus de l'océan...




Mais la vraie catastrophe nous attendait lors de la récupération des bagages.  Un poulet yassa pour une quinzaine de personne s'est déversé sur la ceinture qui convoie les valises.  Nous étions envahis par l'odeur aigre du citron mêlée à celle plus persistante du poulet se faisandant rapidement au sortir d'une glacière peu hermétique projetée trop violemment par un manutentionnaire avec des visées de lanceur de javelot.

On voyait des passagers noirs en boubou qui attendaient leurs énormes bagages enveloppés de sac de riz à carreau  s'exclamer en ricanant, leurs enfants chantonnant une chanson sur les malheurs de la nourriture gaspillée.  On voyait des passagers plus pâles froncer le nez et les sourcils en soulevant leur lèvre supérieure et en soupirant très fort. Quelques personnes criaient de dépit, leur bagage côtoyant -ou surplombant- le festin éventré.

La scène -et l'attroupement qui en résultait-  semble tout droit sortir d'un Pennac et j'ai conclu qu'elle serait de bon augure, puisque je voulais profiter de ce séjour à Paris pour aller me balader à Belleville et manger un poulet sauce arachide dans un resto africain de Barbès.  Cette visite me donnera peut-être mon "fix" de "grand pays de l'Afrique" qui semble me manquer.

Mes sacs l'ont  échappé belle, ayant atterri loin du déversement de poulet citronné, aucune trace d'huile parfumée n'imbibant tissus et papiers ni d'odeur persistante de nourriture .  Mon grigi m'a protégée d'un début de voyage cahoteux et chaotique, à l'image des derniers jours!

dimanche 5 juin 2011

(image empruntée à Amnistie Internationale)


Il y des jours où l' (les?) institution(s) où je travaille m'horripile par son conservatisme, la lenteur des changements acceptés difficilement et cette peur de contester des règles qui ont été crées pour un contexte très différent que celui dans lequel on exerce et enseigne la médecine (si vous avez du temps à perdre et des cheveux à vous arracher, le "livre rouge pour l'agrément des programmes de résidence" est diponible ici).

Parfois, par contre, un courriel ou un événement me rappelle qu'en fait, l'institution a des côtés quand même assez progressistes dans son interprétation des règles établies.  Par exemple, le fameux "Livre rouge" nous demande de s'assurer que chaque résident participe à un projet de recherche.  Traditionnellement, ledit projet de recherche était une révision de dossier ou un sondage pour s'assurer que les médecins suivent bien les fameuses lignes directrices de traitement. 
Mais quand fut venu le temps de réaménager la conception et la réalisation des projets de recherche, quelques-uns d'entre nous avons demandé que d'autres types de projet soit aussi considérés, comme par exemple des projets artistiques et littéraires touchant à la médecine. Personne ne s'est opposé -on nous a simplement demandé de nous en occuper- à chaque année, depuis trois ans, certains des projets présentés par les résidents touchent à divers aspect du lien entre l'art, la narrativité et la médecine. 

À chaque année, j'ai le privilège d'être aux premières loges pour voir les projets de ce type, car c'est toujours moi qui anime la session qui leur est consacrée. À chaque année j'ai aussi la chance de voir les débats animés du jury.  Celui-ci est toujours formé de "vrais" scientifiques -épidémiologistes, spécialistes en santé publique ou en recherche formelle- mais aucun d'entre eux semble croire que les projets sont sans valeur.  Le plus grand problème est toujours de comparer aux projets plus traditionnels pour lesquels on peut tenter d'avoir des critères objectifs.

En trois ans on a vu des vidéos, des reportages photo, une sculpture, une session de yoga interprétatif et entendu plein d'histoires. L'an passé, un projet narratif a gagné ex-aequo le premier prix.  Cette année, un magnifique projet photo a gagné le premier prix et un autre projet narratif a été choisi pour représenter St-Mary's lors de la présentation des projets de McGill.

Bon an, mal an, environ un quart des projets primés sont des projets "artistique".  Il y a donc de l'espoir...

samedi 7 mai 2011

Qu'y a-t-il dans un titre?

(image Reynhald Drouhin)


Un jour, on décide d'aller à l'école.
Un jour, après un passage étrange entre personne « ordinaire » (J,aime l'expression anglaise layman, maintenant politiquement rectifié en layperson) et soignant, on vous fait monter sur une scène et on vous remets un doctorat en médecine. Vous devenez membre de la seule profession qui peut s’appeler « Docteur », au Québec, dans préciser en quoi. (ailleurs, quelqu'un avec un doctorat en littérature, ou en antheopoogie, ou en entomologie peut se faire appeler docteur tout court).

Ensuite, l'utilisation du terme varie. Vos patients, vos collègues vous appelleront docteur en situation clinique. Des petits rigolos vous appelleront « doc ». Parfois, l'intercom à l'hôpital réclamera Dr Leblanc, et sans broncher vous vous passerez la réflexion « tient, il y a une autre Leblanc qui travaille ici », avant de vous rendre compte que vous êtes le Dr Leblanc.
Mais en général, hors du travail, vos revenez qui vous êtes vraiment. Une personne, pas un docteur. Isabelle, ou madame/mdemoiselle, pour les inconnus.

Il y a quelques années, un homme profondément troublé a essayé de se suicider après avoir assassiné ses deux ans. Tous les détails sordides de l'affaire sont étalés sur la place publique, même par des médias qui généralement ne font pas trop dans le tabloïd et les chiens écrasés. Les détails du meurtre, les histoires de cocufiage, qui a baisé avec qui dans le lit de qui... et toujours, toujours, on mentionne le meurtrier et sa femme par le vocable « docteur ». D'accord, parfois, ce peut être un terme de respect. Mais je doute que qui que ce soit ne veuille signifier son respect face au meurtrier. À sa femme, peut-être, à la limite... mais à lui?
  Est-ce pour ajouter à l'horreur de la chose? Une façon un peu ironique de souligner que le soignant, celui qui est parfois (et était beaucoup plus, auparavant)mis sur un piedestal, est de toutes façons une personne ordinaire qui peut devenir violente, folle, meurtière? Est qu'on parle à tous crins du procès de mécanicien untel, de l'enseignante unetelle, de l'entrepreneur untel quand le crime n'est pas lié à la profession? Est-ce que chaque utilisation du terme me dérange car on m'appelle, moi aussi « docteur »? 

vendredi 22 avril 2011

arrrrrrggggggggggggggggggggggggghhhhhhhhhhhhhh

de http://www.weirdspace.dk/Jokes.htm



j'ai bien failli m'étouffer en lisant cet article,car on sait que
1) Dr Roper est celui qui négocie les effectifs médicaux pour Montréal et que
2) Dr Roper semble se faire un plaisir de surtout accorder des postes aux médecins de familles qui veulent travailler dans des cliniques semi-privées.  Les cliniques dont il faut être "membres" pour que le médecin vous rappelle ou fasse une prescritpion téléphonique, ou vous voit plus d'une fois par année.  Les cliniques -comme Tiny Tots- où il y a des frais de 10$ par visites, pour des raisons obscures.

D'ailleurs, si on lit attentivement sa lettre, il dit "De plus, il est étrange de constater qu'on interdise l'accès à un médecin de famille qui travaillerait dans un système privé parallèle, tout en rendant l'accès impossible à 27 % de la population au sein du seul système autorisé.".  C'est bien là le coeur de sa pensée. Suis-je la seule que ça dérange que ça soit publiée sous la plume du représentant des soins de santé Montréalais?

mercredi 16 mars 2011

Corporatisme, pharmacie, pharmaceutique

Ce genre d'article m'énerve.  Ça m'horripile d'entendre si souvent "vous, les médecins, vous êtes contre une plus grande responsabilité clinique pour les infirmières et les pharmaciens". Parce que comme généralisation, on ne fait guère pire...


Parce que je ne suis pas "les médecins". Et que oui, le corporatisme étouffe ma profession, c'est vrai. Mais tout ce que l'on pense n'en est pas nécessairement teinté... de mon côté, je suis en faveur d'une plus grand liberté clinique pour les infirmières, qui peuvent aussi bien que moi diagnostiquer des rhumes, des gastros, des otites, de l'eczema, des pharyngites et peuvent mieux que moi donner les conseils d'usages. Elle peuvent faire bien plus, d'ailleurs: s'occupper de contraception, gérer certaines maladies chroniques, faire le suivi d'enfants en bonne santé et bien plus...  et si le corporatisme peut expliquer une partie des rasions pour lesquelles on ne leur donne pas de rôle plus conséquent, l'immobilisme du gouvernementl'explique encore plus.  Cela fait trois ans que l'on collabore à former des "super-infirmières" enmédecine générale, mais on ne leur crée pas de postes.  Pourtant, elles pourraient nous alléger la tâche et collaborer à donner de bien meilleurs soins à la population.

Pour les pharmaciens, par contre, j'ai un peu peur. Parce que traditionnellement, au Québec, être pharmacien ce n'est pas une profession clinique. Et qu'on sait qu'en Europe, l'usage d'antibiotiques de toutes sortes et à tout vent est favorisé par les interventions des pharmaciens. Alors qu'on essaie d'éduquer la population que non, chaque otite n'a pas nécessairement besoin d'antibiotiques et que non, chaque  mal de gorge n'est pas une infection à streptocoque hémolytiques. Et que dire des statines en vente sans ordonnance en Grande-Bretagne..

Mais tout cela se contrôle et on pourrait arriver facilement à des protocoles et des ententes pour assurer de bons soins.  Ce qui me dérange vraiment, c'est que la pharmacie, au Québec, trèes souvent, c'est surtout une "grosse business" lucrative. On n'a qu'a penser que jusqu'à très récemment, ces professionnels de la santé vendaient des cigarettes et sont même allés en cour pour défendre leur droit à le faire ...  Difficile de me faire croire que la santé était la priorité de ces entreprises. Et maintenant que les compagnies pharmaceutiques sont de plus en plus critiquées dans le monde médical, elles investissent beaucoup dans le marketing auprès des pharmaciens... Les compagnies de génériques et celles de préparation "originales" renchérissent de cadeaux et de "formations", essais à peine déguisés d'augmenter es ventes de leurs produits.   Et si on regarde, par exemple, l'énorme rangée de sirops contre la toux qui, on le sait, n'ont pas d'efficacité autres que placebo ou la quantité de produits "diètes" nocifs vendus en vente libre en pharmacie, il me semble difficile de croire que les pharmaciens pourront ignorer leur marge de profit ... Comme médecin, on est déjà en conflit d'intérêt lorsque l'on accepte des cadeaux ou des services de la part des compagnies pharmaceutiques. Faudrait peut-être penser à cela avant que les gens qui font des profits sur la vente des médicaments aient le droit d'en prescrire...

Alors donner plus de responsabilités cliniques aux pharmaciens, oui, mais avec un changement de paradigme: la santé, ce n'est pas (ne devrait pas être) une business!